Par Tiffany WILDING- économiste chez Pimco revient sur l’année écoulée et donne ses premières vues macro pour 2024.  

Alors que PIMCO prévoyait une légère récession, les économies des marchés développés, à l’exception des États-Unis qui a été étonnement résiliente, ont enregistré une croissance plus proche de la stagnation.
Selon l’économiste, ces résultats, meilleurs que prévu, s’explique notamment par :

  • la politique monétaire restrictive qui a augmentée les coûts d’emprunt, mais n’a pas déclenchée de resserrement des conditions financières au sens large, en grande partie parce que les banques centrales ont limité l’impact d’événements qui auraient pu menacer la stabilité financière.
  • la résistance de la croissance réelle et nominale, alors que les consommateurs utilisaient leur épargne, a soutenu les marges des entreprises et l’amélioration de leurs bilans, en particulier
  • l’évolution de l’offre, plus favorable que prévu, a modéré l’inflation malgré la résistance de la demande. Les marchés du travail ont également montré des signes de détente, l’offre de main-d’œuvre s’étant redressée – le taux d’activité de la population active est désormais supérieur à son niveau d’avant pandémie dans de nombreux pays.

Malgré ces développements qui ont soutenu les économies en 2023, Tiffany WILDING pense que le risque d’un ralentissement en 2024 reste élevé. Les réserves d’épargne réelles devraient bientôt revenir à leurs niveaux d’avant pandémie, la politique budgétaire sera probablement légèrement restrictive et le frein économique dû à la hausse des coûts d’emprunt, s’accentuera sans doute. Tout cela, alors que le rattrapage de l’offre est également arrivé à son terme.

Plus important encore, les banques centrales ont souligné leur intention de maintenir des taux directeurs restrictifs pendant une période prolongée, ce qui va à l’encontre de l’assouplissement des politiques qui, historiquement, a contribué à des atterrissages en douceur. Les expansions économiques soutenues sont extrêmement rares lorsque l’inflation élevée a nécessité un resserrement agressif de la politique de la banque centrale. De tels atterrissages en douceur ne se sont produits, qu’après des réductions de taux de manière préventive, face à un choc d’offre positif qui a fait baisser l’inflation.

Par conséquent, une question clé pour les perspectives de 2024 pourrait être de savoir quand et si les banques centrales crieront victoire et commenceront à réduire les taux de manière préventive et normaliser leur politique. Les mesures de l’inflation globale et de base continuent de baisser, mais les progrès sont moins marqués dans l’inflation de base des services, sensibles aux salaires et avec un faible taux de chômage. Les banques centrales restent dans une position délicate – tolérer une certaine inflation supérieure à l’objectif peut être le coût nécessaire pour soutenir l’expansion.

Là encore, les expériences passées ne jouent pas en leur faveur. L’histoire des cycles de réduction des taux suggère que les banques centrales ont eu tendance à ne pas prévoir la faiblesse de l’économie suffisamment à l’avance pour réduire les taux de manière préventive et éviter une récession. Au contraire, elles ont eu l’habitude de commencer à réduire les taux en même temps que le taux de chômage augmentait et que l’écart de production se contractait profondément.
Bien sûr, l’histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent.

 

La prochaine grande réunion des experts de PIMCO en décembre 2024 aboutira à la publication de leurs perspectives pour 2024

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